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Relations entre populations et flics, critiques contre la police, affaire commissaire Sangaré, deal de Wouly… le ”policier-civil”, Big Pato, parle

La Rédaction de Source A a reçu, hier, le policier-lutteur Big Pato. Durant cet entretien, Pathé Boye, de son vrai nom, s’est prononcé sur les relations tendues  entre les forces de défense et de sécurité et les citoyens sénégalais. Sur ce, il est d’avis que ”la Police est préparée à accepter des critiques de la part des populations ; il faut que la population soit reconnaissante et sache que nous sommes là pour elle”. 
Au sujet de l’affaire de la Pharmacie Fadilou Mbacké, le lutteur-civil se veut formel : «personnellement, je connais le commissaire Sankaré, il est calme, il est professionnel. C’est quelqu’un de très  respectueux». Par ailleurs, Big Pato est, également, revenu sur son fameux combat, qui l’avait opposé à Wouly et dont il est sorti défait par son adversaire.

Entretien !!!

Source A : En tant que policier, comment avez-vous intégré le monde de la lutte ?

Big Pato : «Avant tout d’abord, je salue mes parents. Et je rends grâce à Dieu de m’avoir accordé une belle journée. Je suis policier, mais passionné de lutte. J’ai commencé par la lutte simple, depuis 2011, mais mon premier combat dans l’arène, avec la lutte frappe, c’était en 2017, où j’ai fait face à Baol-Baol. J’ai, également, fait  quarte autres (04) combats, dont une (01) victoire, un (01) sans verdict et deux (02) défaites. Ma casquette de lutteur pose un problème à beaucoup de gens. Cela, pour moi, est juste une considération étriquée de certaines personnes, car il ne faut pas oublier qu’entre la Police et la population, il existe une relation basée sur le respect du service public.

C’est dans ce contexte que j’ai été autorisé par le directeur général  de la Police nationale, à l’époque l’inspectrice générale de Police, Anna Sémou Faye, qui a été secondée par Ousmane Sy, actuel Dgpn. L’objectif visé par l’autorité, à l’époque, était de créer un clic pour une cohésion sociale, entre la Police et la population. C’est dans cette lancée, que j’ai été autorisé à pratiquer la lutte, qui est le sport le plus populaire et le plus suivi par les jeunes, au Sénégal, également pour permettre un contact permanent avec la population. Aujourd’hui, je crois qu’on  ressent une certaine adhésion populaire.

Avant la lutte, nous étions présents dans le basketball, le karaté, le handball et aujourd’hui, on pratique la lutte. Cela permet de créer un lien fraternel, entre les deux, et on l’a compris avec la lutte. Au départ, j’étais le seul lutteur, mais au fur et à mesure, il y a eu sept autres policiers, qui se sont intéressés à la lutte simple. A l’époque (2013), nous avions même participé à un tournoi, à l’issue duquel j’étais le seul médaillé.

Source A : mis à part le sport, quelle autre action fait la Police, dans le but de raffermir les liens avec la Police ?

Big Pato : Depuis des années, lors des Journées culturelles à l’Ecole de Police, on invite toutes les cultures et ethnies du Sénégal. Tout le monde est invité. On a organisé des dons de sang à l’Ecole nationale de Police, des Journées portes ouvertes avec des DRP avec Commissaire Tavarez. On a même organisé des soirées dansantes à l’Ecole de Police et au grand théâtre, aussi, avec Youssou Ndour.
Donc, ce sont des efforts, qui on été consentis dans le but de mieux se rapprocher à la population. Tout ça, pour montrer que le policier n’est pas un adversaire. Le policier, c’est juste un métier de l’Administration sénégalaise. Il s’occupe de la gestion de la sécurité, des biens et des personnes et aussi garantir la sécurité des institutions républicaines. Il ne faut pas oublier cela.

Source A : Puisque vous parlez de cohésion sociale entre la Police et la population, comment trouvez-vous le climat très tendu, qui règne, actuellement, entre la Police et les citoyens ?

Big Pato : Nous sommes en train de faire des efforts pour montrer à la population que la méfiance ne doit pas exister entre nous ; au contraire, c’est une relation de confiance qui devrait exister, le policier ne doit pas susciter la peur et ne doit pas chercher à faire peur à la population. En tant que policier, détenteur d’une licence du Comité national de gestion (Cng) de lutte, j’ai, avec des partenaires turcs, procédé à une distribution de cadeaux à cette occasion.
Il doit rassurer et se doit d’être au chevet des citoyens. On doit montrer à la population que le rôle de la police n’est pas de la répression, mais une assistance. C’est comme le disait le commissaire Abdoulaye Diop, «les missions, qui sont dévolues, doivent permettre d’être un homme humble et courtois envers chaque population sénégalaise».
”Nous sommes en train de faire des efforts pour montrer à la population que la méfiance ne doit pas exister entre nous ; j’ai, avec des partenaires turcs, procédé à une distribution de cadeaux”
Il faut reconnaître, aussi, que c’est l’être humain, qui est, ainsi, quand ça marche bien, on est content. Mais quand ça ne marche, pas on le manifeste. La Police est préparée à accepter des critiques de la part des populations. C’est à nous de rectifier, de voir comment nous comporter avec la population. Et, c’est ce que nous sommes en train de faire. Moi, je suis toujours aux côtés de la population et j’essaye de continuer cette relation de confiance pour pouvoir bien mener mon travail.

La Police est préparée à accepter des critiques de la part des populations ; il faut que la population soit reconnaissante et sache que nous sommes là pour elle

La coopération avec la population sénégalaise est le discours que le directeur général de la Police a prôné, lors de son installation. Ce dernier avait sollicité tous les chefs religieux, les imams, les chefs de quartiers etc., pour que tous participent à la mission de sécurité de la population. L’éducation, aussi, joue un rôle primordial.
Sans la discipline, même si on est avec plus de 3 millions de soldats, on ne fera pas de résultat. Il faut une discipline, dans les forces de défense et de sécurité. Nous devons revoir nos comportements, car, avec les réseaux sociaux, un petit acte d’un individu peut salir tout un peuple et cela n’honore pas notre pays.

Nous faisons un travail très difficile, chaque jour, du matin au soir, ce n’est pas évident, il faut que la population soit reconnaissante et sache que nous sommes là pour elle, dans les bons et les difficiles moments.

Mais il ne faut pas, non plus oublier que le policier est un être humain, avec ses humeurs, comme tout le monde. Mais ce qui est important, c’est d’avoir une conscience professionnelle et une capacité de retenue. Un policier ne peut pas être, tout le temps, en colère. Moi, on me taquine, en me disant que je suis plus un civil qu’un flic. D’où, mon surnom «policier-civil».
”Moi, on me taquine, en me disant que je suis plus un civil qu’un flic. Si je me comporte de la sorte, c’est juste pour faire comprendre aux civils que le policier doit être social, correct, humble et respectueux”
Et, si je me comporte de la sorte, c’est juste pour faire comprendre aux civils que le policier doit être social, correct, humble et respectueux. Il n’y a pas mieux qu’une collaboration et une coopération, mais aussi  un respect mutuel. C’est ce qu’on appelle la courtoisie. C’est très important. Et c’est la même attitude, qu’on doit avoir entre collègues.
Déjà, le DGPN est le premier individu, qui respecte les autres. Il ne cesse de  nous parler du respect et de l’accueil. Personnellement, il m’a beaucoup enseigné l’importance de l’accueil dans le Commissariat. On ne peut pas avoir un directeur qui insiste sur ces aspects et se permettre de faire autre chose.
En tout état de cause, cette collaboration entre la Police et la population est vraiment nécessaire. Ce qu’on veut c’est de créer une confiance. Il faut que cette confiance se rétablisse. La Police ne cherche pas à faire peur, mais à protéger les citoyens et rétablir l’ordre. Dans un pays où il n’y a pas de sécurité, c’est l’anarchie, qui va régner.

«Personnellement, je connais le commissaire Sankaré, il est calme, il est professionnel. C’est quelqu’un de très  respectueux»

Quand on interpelle une personne, il y a des éléments basiques, qu’il faut respecter. Je parle, bien évidemment, des droits de l’individu. Parce que, tant qu’on fait preuve de respect et de déférence, le civil est obligé de coopérer. On n’est pas obligé d’être brutal, avec la personne. Il a le droit d’avoir un avocat, de faire les démarches par rapport à la juridiction.

Pour ce qui est de l’incident de la pharmacie Fadilou Mbacké, personnellement, je connais le commissaire Sankaré, il est calme, il est professionnel. C’est quelqu’un de très  respectueux. Je le dis, parce que j’ai eu à le côtoyer. Et en tant qu’acteur social et sportif, je me dis que c’était juste un incident, qui devait se produire. On souhaite que ce genre de choses ne se reproduise plus.
Je ne vais pas me permettre de dire qui a raison, qui a tort. D’autant plus que le dossier est en cours de traitement. Le directeur général de la Police a fait ce qu’il avait à faire. Le Commissaire Tabara Ndiaye a aussi fait ce qu’elle avait à faire. Aujourd’hui, j’ai une position difficile, parce que je suis devenu un Médiateur. Des civils m’interpellent, tout le temps, idem pour les policiers ; donc, je suis un peu mal placé.
Pour parler dans le cadre général, j’appelle tous mes compatriotes à une autocritique. Il faut qu’on fasse notre propre autocritique. Que chacun accepte de se regarder dans une glace. Qu’on soit humble ! Qu’on se souvienne des enseignements de Mame Abdou Aziz S y Dabakh, Seydi El Hadji Malick Sy. Dans ce pays, on a la chance d’avoir de grands hommes, des érudits.
Il y a Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Limamoulaye, Seydi El Hadji Malick, Baye Niass et j’en passe. Il ne doit y avoir que la paix ! Je suis Tidiane, mais quand je pars chez les Mourides, je partage tout avec eux et vice-versa, sans problème. Quand je vais à Kaolack Niassène, on croirait que c’est mon terroir. Nous vivons en harmonie avec les Chrétiens. Donc, où se situe le problème ?»

Source A : A présent, parlons du combat qui vous avait opposé à Wouly, il y a quelques mois…

Big Pato : Tout le monde sait ce qui s’est passé. Wouly m’a trompé (fou rire). Il venait se joindre à moi, on était, tout le temps, ensemble. Et naïvement, je me suis fait avoir. Son deal a marché. Moi, je me concentrais sur mes entraînements, en pensant que c’est cela qui allait me permettre de venir à bout de mon de adversaire.
”Wouly m’a trompé (fou rire). Il venait se joindre à moi, on était, tout le temps, ensemble. Et naïvement, je me suis fait avoir. Son deal a marché”
Mais lui usait de trucs mystiques. Les Sénégalais doivent parler de ce deal que Wouly a mis en place, pour me battre et ensuite crier sur tous les toits, qu’il a battu le policier Big Pato (rires). Pourquoi quand Wouly a frappé le policier que je suis, personne n’en a parlé ? Pourquoi Wouly m’a donné un coup sur le menton ? Mais non, je rigole. Wouly c’est un pote.

Actusen.sn

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